un duo

quand les amis s’assemblèrent
sous le tilleul de la place
à deux pas du kiosque à flonflons
où nous avions sévi

-tous ces sons énormes
allèrent derechef à la rivière –
je m’esquivai
affirmant que je serais bientôt de retour
j’avais serré sa main elle avait fait oui
je revois encore sa peau velours pâle
et ses pupilles graves de brun doré
ma peur tendresse palpite à ce seul récit
j’entends son pas proche
elle vient en effet
du fond des obscures charmilles
sa robe vibre au vent de juin
ce sont des notes de piano
qui donnent le tempo
de notre éloignement
c’est une mélodie par une fenêtre ouverte
je ne sais plus si nos mains se rejoignent
à la fin dans la nuit
ma mémoire trébuche

un peu fous
les musiciens s’inventent ainsi des mains des duos
qui n’existent sans doute qu’au noir des partitions