vers la danse

ouvrant la porte
trempé
il entendit venant d’on ne sait où
les couleurs d’un trois temps très chanté
rythme main gauche
on avançait main droite au chemin forestier
feuillage froissé de bouleaux fabuleux
dans une Pologne de grâce lointaine
il eut tout loisir de n’être plus là
défit machinal son imper
et resta debout dans l’entrée noire
puis soudaine lueur chaude dans l’air
on s’envola vers les aigus

impalpable pièce pour piano seul

alors négligeant leur amour défait
il procèda vers elle résolument
(elle écoutait les doigts crispés au canapé)
la souleva à bras le corps
vers la porte-fenêtre
l’emporta dans la brusque éclaircie
en trois temps sur l’herbe détrempée
et la prière qu’il formula
tout à trac en dansant
s’imposa dans son corps
il lui demanda
du bout des bras
d’essayer de renaître tous deux en folie mazurka