refrain

     poser la main sur le bras de l’aimé
pour attirer son attention vers le bleu
sans dire un mot est
une affirmation mélodique
où le seul devient deux
et s’extrait de la gangue
où la vie pour soi me retenait

     poser le pied sur la terre en éveil
pour éprouver son avancée
sans penser à rien est
un miracle qui me grandit
où loin de marcher sur les eaux
je sors de mon unique corps
où le silence me retenait

     poser la tête sur l’oreiller frais
pour songer à l’ami lointain
sans penser à soi est
un écoulement dans le temps
où ma solitude se dissout
et je m’endors loin du souci
où la peur inutile me tenait

     poser le vase de fleurs sur la table
pour faire entrer la fraîcheur
sans autre pensée qu’un bonjour est
une sacralisation de cet espace
où je vivotais mes habitudes
et voilà le monde changé
où des battements vains s’attardaient

     poser une question à l’aube
pour dissoudre l’absence dans l’azur
sans pour autant s’attrister est
un chant neuf de ma voix
où la bouche séchait rauque
et l’ange fait vibrer l’air
où la poussière le retenait

     poser son corps au fauteuil
pour apaiser le désordre
sans oublier les secondes jolies est
la seule manière d’écrire
ou de rêver un monde juste
et je cueille les violettes malignes
où la grave espérance attendait