tiens revoilà l’unique symphonie d’été
folies du regard appuyé
on reçoit on subit
allègres parfums
qu’on regrettait au long de l’an sans le savoir
jasmins troënes
et leur poivré joli
écume des moments d’amour
où les romans jouent au passé
tous ces présents imaginés
le tiède des brises défait les cols un peu
par quel bout saisir cet été
où le corps est omniprésent
la saison essore la terre jusqu’à l’os
on moissonne vite par peur de l’orage
le bercement des tiges grasses inquiète
qu’ai-je fait pour mériter pareille douceur
ma candeur fait vaciller les cimes
habillées et drôles
peu de paroles
ça craque dans les os des sous-bois
cliquetis énervés des eaux rares
il me semble que les poissons aussi veulent l’eau
ils bafouillent leurs appels de glace jusqu’à nous
le soleil dirigeant n’autorise pas les gazouillis
il y faut pour cela le soir de l’abandon
quand le feu périclite orange puis vert puis rien
et que les paroles sur l’homme aggravent les vies
alors les oiseaux embrouillent les fils des mélodies
pour retisser des nids d’été
aux troubles harmoniques
Quelque chose dure en vous sous l’éraflure de la plume.
Le nid ? cette cachette de la vie ailée où les feuillages repoussent la mort.
Chateaubriand écrit : “J’avais établi un siège, comme un nid, dans un de ces saules : là, isolé entre ciel et terre, je passais des heures avec les fauvettes.”…
Oui, oui, “repoussent la mort”. Chateaubriand comme d’habitude est fort précieux ici; surtout son “entre ciel et terre”. Il décrit un lieu qu’en modernes nous décririons ainsi : “entre conscient et inconscient”. On adore tout dans la phrase… jusqu’à l’emploi de “fauvettes”.
Pour “l’éraflure”, je dirai seulement ceci qui n’est pas trop vaniteux, je crois : dans mes pérégrinations livresques il ne m’a jamais été donné de trouver une écriture dont je puisse dire: ça respire comme moi…
“L’éraflure », c’est la griffure de la plume sur le papier.
Une “respiration”, oui, elle est là, mais vous “moissonnez vite par peur de l’orage”…
C’est vrai ça va vite. il est curieux d’observer que cela se fait lentement. Je contourne soigneusement l’orage.