Monologue du célibataire ( 3 )

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Pour l’amour, c’est comme au ‘Banco’,

Faudrait avoir une chance au grattage,

Enfin, je veux dire, une chance aux caresses,

Aux baisers, à la tendresse,

Donner du temps au temps, comme dit l’autre,

Pour voir si ça marche,

Mais là regarde, c’est comme à la loterie,

Tu tombes par hasard sur la plus belle fille du monde,

Et tu es amoureux à l’instant,

C’est ça qui ne va pas,

J’en veux beaucoup au coup de foudre,

Une vraie plaie, tu te crois gagnant,

Tu t’installes avec elle,

Et le temps te déchire tout ça en quelques années…

Ou alors il faudrait avoir plusieurs vies,

Une à l’essai et une autre où tu te méfierais de la loterie du coup de foudre

Et où tu aurais une vraie chance d’aimer parce que tu saurais…

Ça doit être pour ça que les curés ont inventé le paradis après la mort

C’est pour embêter la loterie

C’est un paratonnerre contre le coup de foudre…

Enfin, tout ça c’est du bricolage… Je n’y crois pas…

En amour, c’est bizarre, on n’a pas le temps de rigoler…

Oui, oui, on est content, sur le coup, c’est vrai…

On rigole un peu… oui, c’est vrai, j’exagère…

Oui, oh, ça va, on a bien le droit d’en rajouter nom de dieu

J’en rajoute parce que je suis tout seul, voilà !

Oui, je sais qu’il y en a qui vivent heureux ensemble, à deux,

Toute leur vie…

Je les envie

Je ne sais pas comment ils font

Ils ne doivent pas jouer au ‘Banco’

Ils vivent doucement,

Ou quand ils jouent, ils perdent, forcément,

Heureux en ménage, malheureux au grattage,

Je crois que leur truc c’est pas comme moi,

Oui je veux dire, moi, je parle, je parle,

Eux, les heureux, ils ne parlent pas,

Ils savent, ils devinent,

Un mouvement de paupières, une main qui effleure l’épaule,

Là, en pleine journée,

Sans rien dire…

Comme un adagio infini,

Pour elle et lui,

Piano et violon, doux, tu vois, très doux…

Moi, par contre, j’étale toutes mes loteries ratées,

Je donne des détails, j’invente, je tempête, je hurle,

Eux, les heureux, ils ne disent rien,

Ils n’en ont pas besoin,

Au fait, c’est peut-être ça la recette du bonheur à deux,

Ne rien dire… enfin, pas un mot de trop…

Faudrait que je me taise,

D’ailleurs, tiens, je vais le faire tout de suite,

Ah, oui, mais je n’ai pas la chance d’être à deux,

Oui, oh, ça ne fait rien,

Pour le bonheur il n’est jamais trop tard pour commencer,

Tiens, je commence tout de suite,

Allez, au revoir, je me tais, je me tais…

Au revoir dans le bonheur,

Au revoir…

2 réflexions sur « Monologue du célibataire ( 3 ) »

  1. J’adore votre texte ! Celui-ci résume bien la vie amoureuse de chaque personne sur cette Terre, Femme comme Homme !

    1. Ah que c’est généreux de formuler les choses ainsi!…étant moi-même un homme (!) , je ne suis pas certain qu’il aille tout à fait comme ça pour un homme… Mais que vous êtes aimable de le dire ainsi! Vous avez donc tant vécu pour savoir ce qu’il en est de la vie amoureuse sur cette terre? Je vous le demande avec toute ma naïveté et sans aucune ironie… Merci à vous et courage pour la suite chère Océane !

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