pour que montent les gouttes de l’or pur des colzas
(Vermeer en nos provinces)
pour que les graves magnolias s’effondrent en fruits de ciel brisé
il suffit d’un seul éclat
lumière chaude inattendue d’avril
quand le navire des jours quitte le quai gris
j’avoue que ce tangage neuf
ce roulis surprise
ne me rassure pas trop
ça danse sous la peau sous les pas
le sang force vers le détroit de l’été
alors que les hirondelles
qui sous leurs ailes doivent ramener la lumière de l’autre monde
se tiennent encore en retrait de notre avril
traînant quelque part au-delà des pyrénées
les amours nouvelles sont pourtant déjà là
on le voit bien aux étreintes du coin des rues
on est loin déjà des mois gravis en grisaille
sans parler des buissons et gazons de nos jardins
qui s’enguirlandent de couleurs franches
certes je devine les écueils de juillet
mais il me tarde de sortir du port d’attache
afin que nos corps s’entraînent encore
sous le ciel de braise
à s’ébattre au large
pour affronter les lointains inconnus
joies sereines du tourisme des jours
où l’on se sent dépris de soi
saisis par la reprise enfin du voyage lumineux