la visiteuse du temps

les extrémités des phalanges
ne s’usent pas
ainsi touches-tu mon cher ami
une peau invariable
lorsque devant le miroir bleu
tu passes la main
sur le paysage mouvant
de tes joues vives

tu vois poursuit l’ange c’est vrai
les saisons vont
mais le printemps repeint à neuf
les visages défaits
toutes ces heures que la visiteuse
décompte
(glorieuse horloge de lumière)
en souriant

oh ce n’est pas la Schadenfreude
ne te méprends pas
elle est exposée aux rigueurs
du temps qu’il fait
ce n’est guère mieux que ton temps
alloué chiche
et dis-toi qu’elle a été posée là
pour t’aider

elle observe tes brèves avancées
marche en pensée
avec tes pas toujours plus lents
plaint tes pluies
accueille pour toi tous les couchants
bienveillante
mais ne peut pas grand-chose
pour ton destin

elle n’a pas mes ailes