la barque

avant d’être emporté

j’évoquerai mes amours

ce me sera une vaste digue contre le froid des eaux

je me rappellerai tes yeux tes mains

l’écho de mon prénom froissé contre mon cou

mes rêves difficiles 

le souffle de la mer

mes pas secs de soleil

mes larmes du jadis en crise 

cette folie de parler

mais on m’appelle

la barque cogne contre le quai

rythme inégal et sourd de bois mouillé

on n’attend plus que moi

clapotis du Styx

mon ombre se reflète déjà sur la planche usée des morts

où je vais prendre place

fameux voyage

le pilote approuve quand je vais poser le pied

tout à coup la révolte me saisit

je ramène ma jambe

bouscule mes suivants déjà blêmes

m’enfuis vers le soleil

qui allume les tours gothiques de chez moi

(jeunes femmes complices

huit cents ans d’élégance)

depuis j’attends son rappel de pied ferme

2 réflexions sur « la barque »

  1. Vous lisant je pense aux toiles (5versions) d’Arnold Böcklin nommées “L’Ile des morts”, peintes en 1880.
    C’est une île au coucher du soleil, vers laquelle un rameur dirige une barque.
    Dans la barque un passager …

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