jeunes vies

le repli de sa voix assourdie
m’indiqua une peur très lointaine
je pris sa main
ses longs doigts étaient autant de questions
posées dans ma paume
je sus d’emblée qu’il y allait de sa jeune vie
mon rire avait son âge petit
et ses regards dorés visèrent ma peau
c’était tout mon langage en fait de profondeur
à vingt ans le futur m’est si vaste – je m’en souviens –
qu’il miroite à l’infini
et les je t’aime y sont repris
avec toujours la même largeur de timbre
les cordes vocales violoncellent
on va loin tout compte fait quand on va vers le grave
qu’on est au printemps
et qu’il y a des crises de juin
désamours grisâtres où le soleil s’arrête
(la cendre l’emporte sur le feu de saint jean)
l’affaire de vivre exige
chose impossible à livrer
ce calendrier d’aimer et de vivre
mélange explosif
où je t’aime et je suis
demeurent asservis
au maëlstrom de chaque aube