que sont les sourires devenus
qui m’avaient allégé l’écoulement des ans
j’ai beau ratisser ma mémoire
je les vois miroiter au loin et c’est tout
puis impromptu au détour d’un air
mélodie enrouée
en voici un qui redouble
ce jour canicule
il vibre mirage sur la fontaine
où je m’en viens mains en creux
pour une lampée de glace féroce
solide confrontation
où je souris sur l’eau
on n’est jamais si bien servi que par son reflet
et l’envie d’un autre et le vent qui vient
porte qui bat que j’ouvre
les sourires à venir s’avancent
les promises les rencontres belles
un ruisseau de visages
des cascades de mercis du bout des doigts
la vie la vie du jour
infini d’élégances sous les pas
et ces lèvres aux charmilles
où des jardins bourdonnent
de chants de voix
saluts perpétuels des vivants d’aujourd’hui
Très beau. Très émouvant.
Merci beaucoup!
En mémoire, bien sûr, Rutebeuf. Puis un sourire nous entraîne vers une autre histoire, celle du poète qui séjourne ici dans une île, son île.
De Rutebeuf, le début d’une balade :
“Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta…”
Et ici que lit-on ?
Amis non emportés mais tant éloignés qu’un mirage les rend accessibles seulement par la mémoire. Une soif d’amitié donne chemin vers l’eau fraîche. D’abord un reflet puis l’autre. Désir de nouvelles rencontres qui fonderont la joie, une joie nouvelle pour que la solitude et le poids des ans se brisent.