parfum
l’absence de liberté fraîche
avait adombré le printemps attendu
je marchais sur la pointe des pieds
le coeur me battait loin
l’à quoi bon me hantait jusqu’aux rêves
les nuits mordaient sur les jours
et plus rien ne tenait
des conversations se croisaient sur le fil
les joies les peines
tout se perdait dans les plages des jours
d’innombrables peurs
s’alimentaient d’un rien
puis il y eut une aube un sursaut
ma main cueillit au hasard du jardin
le brin de muguet nécessaire à la vie
ses clochettes furent joues d’ivoire
qui sonnèrent le retour à l’invention
sois léger dirent-elles
ouvre toi au-delà
prends le vent
chante la pâleur verte de notre cristal
considère la mélodie des toits
comme un rythme possible
dans le silence ravi des rues de chez nous
hume enfin ce muguet de l’an jamais senti
c’est une tiède pudeur un peu âcre
qui se glisse jusque dans la gorge
c’est le léger tremblé du temps qui passe
la tâche est alors limpide
je vais aller par les jardins de mai juin
à la recherche du parfum perdu
- mais il dort au marché dit la voix du muguet
au fond de flacons très banals