s’enfoncer dans la saison
c’est aller vers la nuit
où coulent indifférenciés
astres et lunes
ainsi l’automne exige-t-il un chant
c’est le temps du courage
avec ses cimetières gorgés de chrysanthèmes
où le gel plane menaçant
je pense aux mains hardies
qui soupèsent les jeunes pousses
arrachent encore des herbes superflues
pour organiser l’attente grave d’hiver
les froids jouent déjà sur les visages
je pense à ceux qui ont quitté la maison
et savent qu’ils ne reviendront pas
ils partent en sifflant des airs d’amour
perdu et les minuscules aurores
tracent leurs frissons sur la lande
la saison s’entête à périr
aucune prière ne vaut
je me demande s’il y aura un hiver
avec son petit monde très sec
et la voix qui porte au loin l’espoir
au travers des taillis verglacés
stalagmites tremblant du nouvel an