(En avril 2024, je me découvre d’un fil, pour saluer les petits gars de Nivelle, le général navrant. 16 avril 1917, Chemin des Dames)
ce qui tremble en avril
vibre longtemps
c’est la morsure du fer du feu
sous les feuilles où gémirent les corps perdus
la poussière s’arrête là où je me tiens
plein vent
je me demande où sont passés les grigris
qui devaient les protéger
photos mouchoirs brodés tissus rapiécés
tabatières colliers médailles de marie
tout s’est effrité effrangé émietté
c’était leur plus intime leur secret leur foi
tendre sentimentalité violemment écharpée
une médaille de jésus dans la terre
ça dure quoi
quelques décennies
en cet avril ma peau frissonne de ce temps
de tout ce temps
je songe à l’épouvante première
diluée dans le grigris
c’était la maison qu’on adorait qu’on serrait contre soi
bouclier dérisoire du fatal
on en veut beaucoup à l’espérance
à cette survie qu’on logea dans les choses
on en veut beaucoup aux vivants du temps
qui permirent les meurtres
on en demande beaucoup trop
on appelle
on demande encore
on redemande contre le vent
16 avril 2024