au bout du tunnel hiver
ce long temps
aux cahots imprévus
flaques boue et soleil rougeaud
je vais entrer en forêt
adossé à ce passé
l’éclat du jour m’éblouira
j’irai par les sentiers de givre mince
j’aurai le souffle aux lèvres
j’attendrai ce moment où
les oiseaux facilement admiratifs
louangeux et forcément joyeux
nids de notes essaims d’aigus
recouvriront le gel de leurs étincelles
mais on n’y est pas encore
la nuit va d’abord se faire diminuendo
après le fracas des bois perclus d’hiver
qui s’agitèrent au vent funèbre
alors la vie va revenir
février est ce passage
la fièvre terrestre remonte doucement
on l’entend aux brindilles collectées des becs
enfin naît la tiédeur fragile
le ciel en pâlit un peu
il est des bleus mêlés de plumes
qui viennent à hauteur des oiseaux
et s’ouvrent distraits dans l’azur
qu’on croyait disparu
je comprends pourquoi les merles
n’ont cessé de trouer le silence des jours
pourquoi les corbeaux partaient vers le levant
quand le soir venait
ce sont eux qui épuisèrent les aubes anciennes
le noir leur va si bien
leur désolation finit un jour par fatiguer la nuit
sous leurs pattes
il faut faire confiance
à la rotation de la terre
à son axe généreux qui nous bascule
contre la vague première et douce
nous ramenant ainsi vers l’équinoxe de mars
en pleine lumière