visages

tous ces petits visages

qui se penchent la nuit sur mon visage

n’allons pas croire qu’ils imitent la lune

ils ont toujours été là 

fées autour du berceau 

voix autour du tombeau

ces visages ont la rosée d’avril pour teint

les pleurs de mai pour seul matin 

ils sourient ne savent rien faire d’autre

cachés sous ma mémoire

ils chuchotent des beautés bémolisées

pour relayer la fuite du temps 

pour enchanter l’instant présent

ces petits visages

angelots en pleurs souvent 

viennent de loin 

ancêtres jamais disparus 

ils aiment ils aiment ils aiment 

roses de façade (joues bercées)

jonquilles qu’on enfonce pour soi 

(coiffures folles)

leur présence est je le jure immortelle 

courriers d’autrefois 

ils se dépêchent en foules parfois 

pour alimenter les corps heureux

le mien par exemple

et les chants surtout les chants

ceux qui comme pluies d’été

crèvent sur les jardins flétris

par le soleil qui abuse

de se croire seule joie autorisée

alors que la vie

mon dieu