vous détestez la saison
vous n’avez pas le goût des fruits
maussades impatients
ne voyez vous pas
danser sur l’oblique des rayons
le doré des grains et le grave
des mains veinées par les efforts
toute cette charge du temps
à voir couler les ans les décennies
notre petite affaire de vivre
arrive avec son oui conciliant
plein du sourire d’octobre
on a bêché biné au jardin
les longs sillons des légumes
prenants et chauds encore
grappes éclatant de santé
c’est la richesse de l’être humain
son sourire permanent
la main a tout fait
pour que ciel impalpable
et terre lourde et fraîche enfin
accordent à notre fragilité naturelle
avec le vin qui fait rêver
un retour de joie appétissant
octobre est ce temps positif
aboutissement de croissance
octobre est le but de nos reins
cassés justifiés par le fauteuil
d’hiver quand le feu approuvera
notre présence auprès de lui
et que son bonheur rouge nous gardera
auprès des braises fabuleuses
Belle, belle, cher Raymond, cette “opulence d’octobre”. Parfums de fruits et de terre, parfums des jours heureux…
En ce mois d’octobre 2023, je ne peux pas oublier que le ciel prend feu et que des rivières de sang coulent sur les joues des innocents.
Oui, Jacques, c’est un problème; vous avez raison de rappeler le feu, le sang et l’innocence. Mon esprit ne parvient pas à concevoir un texte sur le sujet. Cela brûle trop.
Mon esprit conscient me dit: il “faudrait” pourtant. Mais de l’endroit où je me situe, quand je m’assieds pour écrire, je sens que mon esprit s’assied (Montaigne), que la prose qui me vient ne permet plus l’envol… Au dessous du conscient, au-dessus de l’inconscient, entre les deux, le monde ne s’infiltre pas; jamais une voiture voire un vélo ne traverse mon esprit, tout tendu que je suis par la saison, le temps qui passe et les mille cahots de mon passé tamisé.
Je me sens emporté par la concurrence des écrivants qui font ça mille fois mieux que je ne le ferais. Tout le monde témoigne et c’est c’est bien. Mais tout le monde ne peut pas être soi-même dans le brouhaha présent; ce chaos m’étouffe.