ce mois s’éparpille en or
il s’égosille avec le coucou
et fait presque bleuir le colza
tant les jaunes cassent tout
de leurs rires étalés
soulerie serrée contre la terre
leurs champs font pièce au soleil
la magie dure peu mais la trompette
éclatante effraie la mer des blés
symphonie de cuivres briqués
dont les graves reflets posés
alentour jusque sur le chemin
me remémorent les dames
en robes rouge et or
et les messieurs sinistres
en uniformes gris morbides
le colza devait être triomphe
c’est une tombe folle
les corps défaits ont nourri
la belle terre friable noire qui
comme si elle n’avait pas été labourée
par les obus dérivants de nos rages
humaines trop humaines
pouvait du fond de son humus
dire à une humanité pareille
non je ne donne plus
je garde mon colza mes blés
faites la paix une seule fois
je vous promets des moissons
de l’huile et des prés charitables
une seule fois
un seul printemps