coquelicots
l’aube que je guette
ce matin en bord de route
où j’ai franchi les portes du sommeil
laisse enfin lever un fil d’azur
qui tire le monde à sa traîne
et s’épanouissant encore
soulève les bleus de la terre
pointes émergées du blé perdu
le soleil ensanglante soudain le champ
où j’ai dormi
j’ai froissé dans la nuit mille coquelicots
couvertures gigantesques qui balancent
dès les premiers soupirs de brise
leurs chefs miroitants
les éclats s’échangent sous la houle
mon effroi enfin dissipé
je découvre la chair de mon corps
qui
chamade gigantesque
bat la mesure de mon temps
chaque fleur écarlate mimant
les secondes arrachées à la vie courante
l’horloge chante en rouge
mes efforts halètent d’exister
j’ose à peine reprendre souffle
dans le silence baigné d’écarlate
je pourrai dire qu’un matin
au lever j’ai vu surgir plein champ
l’incroyable beauté d’un fil rouge
à la fois peine et joie de vivre
que chantent souvent
yeux mi-clos
enfants et créateurs