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forêt
(“La forêt, pour moi, est l’unique temple nécessaire”
Guy Fequant)
je me souviendrai
de l’interdit du thé chez les amis
de la main qu’on ne tend plus
alors qu’une poigne aide à respirer
et du sourire sous le masque
esprit es-tu là
et mes pas vers les contes en furent paralysés
l’humus fit défaut à ma gorge
j’ai rêvé que je rôdais à l’orée du lieu d’enchantement
impénétrable fraîcheur
les troncs graves me manquèrent
tuyaux d’orgue au pays de la bise
quand les branches craquent la mort
et que les chemins voilés de brume
foncent vers la nuit sans lune
huit semaines sans les cimes à suivre des yeux
je veux retrouver les branches comme bras qui écrasent sans trop
voilà je vais ouvrir le livre des forêts
les jacinthes vont dérouler
le mauve douloureux des arbustes croisés
je vais refermer mes doigts sur le mystère des brindilles
dévorées des broderies de la mousse argentée
le premier printemps a passé sans nous
la forêt a transpiré son cortège de feuilles
tous ces sentiers de nouvelle efflorescence
et nous étions ailleurs lointains et vieux
inquiet je lui demande si l’enfance va revenir
et si oui dans quel état
ne t’en fais pas j’ai beau changer dit la forêt
des fûts aux cimes je suis indestructible
et c’est ainsi que l’enfance demeure
Deux auteurs de: ” le chemin” (Editions Lumpen; Colligis 02):
Raymond Prunier et Elisabeth Dtn