hommage à Bernard Noël
penché en avant
au bord de l’étouffement
j’envisage le vide à vivre
et l’horizon là-bas j’aimerais tant
l’apprivoiser du bout des lèvres
murmure pour le malheur
rivé dans la vallée fatale
le fièvre enfle avec l’ouest
ils tombent les amis les vivants
ma main ne les retient plus au globe
la terre est grave
je les tire par les bras les jambes
mais de l’écrire n’aide pas
la vie me contredit elle va elle va
le crescendo du virus fait boule de neige
en ce printemps fou de pâquerettes
nos paumes battent au crépuscule
luttant avec les coeurs qui s’en vont
et pendant que j’écris
des non nommés
à pleins bras
à corps perdus
affairés
donnent donnent donnent
pour d’autres heureux anonymes
qui finiront je le jure je l’écris
par retrouver leur souffle
Poésie ininterrompue en quelque sorte : vous êtes impressionnant
Merci pour ce mot: impressionnant… je vous réponds par ailleurs en détail. Merci !
Heureuse de voir que vous ne l’oubliez pas. Bernard Noël, une vie d’écriture. Un homme silencieux et solidaire.
Ma timidité m’a empêché de poursuivre une conversation que nous avions engagée sur Hofmannstahl; il habitait à quelques kilomètres de Laon. Il écrivait à l’époque sur la Commune et il était tout plein de colère contre Thiers, ce que j’entendais parfaitement. On sentait l’homme entièrement investi dans l’écriture. Profondément émouvant.