cimes

Les sommets des montagnes longtemps 

furent d’un blanc pur 

elles narguaient le soleil 

les miroitements jouant avec elles

sans jamais froisser le manteau frissonnant 

mon regard de loin descendait au long des chaînes 

c’était fou la pureté semble-t-il intouchable 

les cimes étaient à l’image de mes rêves d’alors 

certains jours de juin dans la ville en feu 

je me ruais là-haut pour voir 

les isards vifs les bleus iris

j’ai le regret aujourd’hui de tous ces pas

imprimés là-bas

qui dessinaient mon rêve

dans les neiges éternelles

le temps de ma jeunesse songé sur les hauteurs

s’est effiloché 

les délicieuses neiges d’antan

sont devenues bosses sèches 

la neige n’est plus

qui aurait accueilli mes chevilles 

dans l’accroche sonore du crêpe solide

les cimes gardiennes de ma trace sont allées au ruisseau 

et où trouver la force d’escalader

les pieds dans la pierraille je glisse

tout à fondu et les cimes et mes pas

il y a beau temps que les neiges hélas ne sont plus éternelles

3 réflexions sur « cimes »

  1. “les cimes gardiennes de ma trace sont allées au ruisseau”
    Je lie vos poèmes comme on enroule une ronde pelote de laine à partir d’un écheveau calé sur le dossier d’une chaise. Ma mère nouait les bouts de laine pour à nouveau tricoter un pull.
    Il y a toujours, dans votre florilège, une image qui appelle la suivante et s’y noue. Ici, le ruisseau se fait neige et la neige redevient ruisseau…
    Et l’encre fait trace. Et le poète est un peu triste de suivre la fonte des glaciers et de sa jeunesse…

    1. Oui c’est exactement ça, on enroule une pelote, on repasse par les mêmes endroits mais ce ne sont jamais les mêmes. L’idée c’est de haut en bas. A 20 ans j’ai vécu cinq ans à Toulouse et de la ville rose on voyait les cimes éternelles des Pyrénées; le petit rethélois en fut fort impressionné !!

      1. Époustouflante beauté qu’il faut escalader comme un rêve de blancheur étincelante. Les 3000…

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