Les sommets des montagnes longtemps
furent d’un blanc pur
elles narguaient le soleil
les miroitements jouant avec elles
sans jamais froisser le manteau frissonnant
mon regard de loin descendait au long des chaînes
c’était fou la pureté semble-t-il intouchable
les cimes étaient à l’image de mes rêves d’alors
certains jours de juin dans la ville en feu
je me ruais là-haut pour voir
les isards vifs les bleus iris
j’ai le regret aujourd’hui de tous ces pas
imprimés là-bas
qui dessinaient mon rêve
dans les neiges éternelles
le temps de ma jeunesse songé sur les hauteurs
s’est effiloché
les délicieuses neiges d’antan
sont devenues bosses sèches
la neige n’est plus
qui aurait accueilli mes chevilles
dans l’accroche sonore du crêpe solide
les cimes gardiennes de ma trace sont allées au ruisseau
et où trouver la force d’escalader
les pieds dans la pierraille je glisse
tout à fondu et les cimes et mes pas
il y a beau temps que les neiges hélas ne sont plus éternelles
“les cimes gardiennes de ma trace sont allées au ruisseau”
Je lie vos poèmes comme on enroule une ronde pelote de laine à partir d’un écheveau calé sur le dossier d’une chaise. Ma mère nouait les bouts de laine pour à nouveau tricoter un pull.
Il y a toujours, dans votre florilège, une image qui appelle la suivante et s’y noue. Ici, le ruisseau se fait neige et la neige redevient ruisseau…
Et l’encre fait trace. Et le poète est un peu triste de suivre la fonte des glaciers et de sa jeunesse…
Oui c’est exactement ça, on enroule une pelote, on repasse par les mêmes endroits mais ce ne sont jamais les mêmes. L’idée c’est de haut en bas. A 20 ans j’ai vécu cinq ans à Toulouse et de la ville rose on voyait les cimes éternelles des Pyrénées; le petit rethélois en fut fort impressionné !!
Époustouflante beauté qu’il faut escalader comme un rêve de blancheur étincelante. Les 3000…