à l’affût

les gouttes ou les mots c’est tout comme
j’essaie de m’y glisser
mais les mots commandent
et la pluie trempe ma capuche
toujours je devrai m’abandonner aux vocables
le musicien aux tonalités le peintre aux nuances
on ne peut sortir des tons ni des teintes –
et les mots rapetissent et enclosent
(les je t’aime eux-mêmes butent aux lèvres
paroles jetées qui n’existent qu’aux gestes
bras et corps donnant chair à la voix)
mais les mots comptent moins
que les vibrations du poème alentour
qui font passer le souffle
puisque la suite des mots est seule mélodique
ils s’engendrent entre eux en mille échos
qui tombent au silence
et leurs cercles croissants s’en viennent vers ma rive
où je les attends recroquevillé
le corps à l’affût