adolescent je me souviens de lui
les rênes en main
au creux du vallon où il nichait
-je m’étais égaré entre deux villages –
il avait sauté de cheval
pour me dire où j’étais
m’avait décrit en peu de mots
les mûriers forts les pentes souples du mont
je m’étais cru au moyen-âge
ou dans l’antiquité
aucune antenne aucun fil
à peine un chemin
et soudain sa parole
-je n’ai jamais cru à la banalité de la vie –
sa voix solidement souriante
son regard transparent
où l’intime et l’extime se touchent
me trahirent en lui l’enfant
qui dormait là encore
je fus effarouché de sa franchise
et comme il me désignait
un raccourci
je m’enfuis à toutes jambes
son éclat de rire résonne encore