je me méfie quand tout s’arrête
que l’arbre chevelu haleine suspendue
n’oscille plus d’un millimètre
dans le juillet frivole
le sang soudain me glace
je songe orages tambours gongs célestes
je devrais m’apaiser
à la seule pensée
du temps dételant des secondes
sous le marteau pilon de l’étouffant solstice
mais j’éprouve finalement un vieil effroi
bienvenu
lorsqu’à l’école la grêle tout à coup claquait sur les cailloux
qu’on n’entendait plus qu’à peine
le glas des syllabes du maître
l’aventure de vivre au gouffre des journées
s’ouvrait enfin sur un sens
une voix disait au travers de la trépidation tremblée
n’aie pas peur
et le temps reprenait apaisé puis joli
chaque pierre de la cour se faisait bijou
je jurais qu’un jour la bien aimée lointaine
en aurait un collier pour sésame
afin d’accorder sa beauté
au mystère de notre commun qui vive
Quand tout s’arrête… Étrange sensation qui n’appartient qu’à l’imaginaire. Le temps s’arrête-t-il ? La pensée se fige-t-elle ? Le silence est-il lié à cette sensation comme un vide ?
Vous puisez dans un souvenir d’enfance – le fracas d’un orage de grêle – pour mettre au monde ce temps de renaissance à la vie sereine qui suit l’orage.
Le temps s’arrête-t-il quand on meurt ? Est-ce pour cela que les balanciers des horloges étaient alors immobilisés ? La mort est-elle un orage de grêle ?
Au silence l’entente plus dure du temps… et pourtant !
L’orage de grêle est une ponctuation. Approbation de la violence vécue. ça tombe ça tombe, on ne voit rien d’autre, on n’entend rien d’autre. C’est le ciel qui dit oui à la violence qui cogne comme un sourd.
Puis vient l’apaisement. Fraîcheur. Il ne s’est rien passé.
l'”hymne” d’aujourd’hui 18 juillet avance encore dans le souvenir. Les morts reviennent. Le fleuve emprunte l’autre pente. C’est un autre effort pour tenir à distance les fantômes.