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sous mes doigts le soir s’éteint au chevet
j’abandonne la terre à l’univers
mon corps consent à s’absenter
joues et rêves s’échangent sur l’oreiller
puis vient l’embaumement familier de la nuit
Le blog de Raymond Prunier
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sous mes doigts le soir s’éteint au chevet
j’abandonne la terre à l’univers
mon corps consent à s’absenter
joues et rêves s’échangent sur l’oreiller
puis vient l’embaumement familier de la nuit
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Cette série de poèmes est vraiment belle.
Merci de m’encourager Christiane. Pour le poème précédent, je vous avoue je ne sais pas ce qui m’ pris j’ai eu envie de le commenter; je crois que le vieux professeur grincheux vient faire des siennes !!!ça me prend par crises…. C’est un pédantisme cravaté qui réclame sa part !
Entre temps j’ai été visiter ce que propose José Ensch. Très grande classe. Merci pour la piste.
José Ensch, c’est vous qui me l’avait fait découvrir avec cette poésie de l’esquisse.
Les recueils que je préfère “L’Aiguille aveugle” et “Cages”.
“Avance ton sommeil et plonges-y
au plus profond du bleu qui deviendra
Noir et puis blanc”
Bonjour M. Prunier
merci pour cette série d’été qui rafraîchit nos pensées.
Votre propos du jour concernant le commentaire que vous avez fait au poème précédent a fait que je l’ai relu. Avec votre éclairage, dont je vous remercie aussi, j’ai pu en apprécier toutes les couleurs.
Bonne journée.
Dans l’attente de vous relire
cordialement
je vous prie de m’excuser de n’avoir pas répondu à ce dialogue qui nous fortifie. La parole du correspondant est habituellement plus importante que la mienne propre; mais je me retrouve en plein maëlstrom de petits poèmes qui viennent me solliciter et auxquels je me vois contraint de céder.
J’ai par ailleurs vu, regardé de près vos feuilles qui rougissent; cela est plus précieux que tout. C’est notre vie. Rien n’est plus important. Vous avez raison; c’est bien mieux que les écritures qui nous viennent, il y a là une cordialité visuelle qui, pour reprendre vos mots, rafraîchissent mes pensées.
Ce n’est d’ailleurs pas le contenu forcément de vos propos qui me donne des idées même si cela peut arriver, mais l’énergie vitale qui en ressort et qui est toute de passion pour la chose écrite et la beauté du monde. C’est magnifique.
“Au peintre Degas qui au cours d’un dîner chez Berthe Morisot se plaignait d’avoir essayé toute la journée de faire un sonnet sans y parvenir, alors qu’il était plein d’idées, Mallarmé aurait répondu : « Mais Degas, ce n’est point avec des idées que l’on fait des vers… C’est avec des mots » . Le conseil pour remédier à l’infécondité est bien différent de celui que Schiller donnait à Körner – retirer la garde de l’intelligence pour laisser passer les idées pêle-mêle –, conseil que Freud cite dans L’Interprétation des rêves, en le rapprochant de la méthode de l’association libre qu’il prescrit à ses patients. C’est la matière sonore des mots qui est le matériau”…
La ligne mélodique du poème, sa musicalité, son rythme, ses cadences, l’association étonnante de certains mots, son âme, son sens caché font du don du poème un cadeau rare pour le lecteur, une immersion dans le rêve.
Un poème ne peut se réduire à la notation de ses clés de lecture. Il doit rester illisible. Intraduisible. Comme le plein des mots qui s’oppose aux blancs de la page. J’aime les hésitations du lecteur, son oscillation entre sens et nonsens. J’aime le dépouillement des poèmes de Raymond Prunier. Bien sûr qu’on y trouve des réminiscences autobiographiques et littéraires , le lointain autrefois, mais j’aime ses omissions, sa tendance à la synecdoque, son écriture allusive.
Le bleu comme une couleur dominante, sa pureté, sa couleur d’enfance. En osmose avec ce bleu, en harmonie avec le végétal, écrivant, il devient danseur. Étoiles et vertige.
Il habite le monde portant le chant d’un oiseau et disparaît dans son chant.
Le lire c’est cheminer dans sa rêverie – loin des professeurs aussi doués soient-ils…
Hölderlin écrivait : “C’est poétiquement que l’homme habite la terre.”
Du poème précédent j’évoquais Sisyphe pour ce seul et même envol répété, inlassable du poète.
Comme la mer qui monterait au bleu du ciel où les morts voyageurs deviennent des étoiles.