ce qui crisse encore au jardin
ce sont les pas des enfants
présences provisoires
il a gardé aux tympans les éphémères cavalcades
de minuscules souliers vernis
c’était la petite au visage clair
qui dévorait du réglisse en sautillant
– il songea qu’il faudrait en la coiffant ce soir lui décoller les boucles une à une –
et puis
les pépiements des sonnettes
les chutes les pleurs les encouragements grave voix
appels criards encore brèves présences
un jour il n’y eut plus que son pas
au gravier de l’allée
tennis et bottes rangées
des petits pas ne resta presque rien
il perçoit le clapotis
du robinet qui goutte dans l’arrosoir bleu
sa semelle grince aux pavés de la terrasse
un papillon – miracle –
se pose sur la manche de sa veste demi saison
cet après-midi d’août est décidément frisquet
fixant le soleil
il frappe de sa canne la dalle du perron
qui résonne sous son corps tout entier