Le clavecin de Couperin

tous les matins 

le clavecin de Couperin 

me met en train

mais ce jour d’hui

j’ai dû pousser le son

tant les oiseaux faisaient de raffût 

au fond de mon jardin

je les crois jaloux

je les rassure

Couperin leur dis-je est un frère 

il s’inspire de vous

il ne vous moque pas

il vous envie 

les fauvettes plaintives

le rossignol en amour 

en témoignent

avec trois siècles d’avance

bientôt quatre 

notre Couperin prépare l’essentiel 

de nos préoccupations

humeurs chants nature et vergers

je m’interroge

qu’y a-t-il de plus important

que le chant de cette énorme guitare horizontale

je crois que le clavecin est en avance sur notre présent

son passé riche et fin

plaide pour lui

pour ses notes 

qui volent sitôt entendues

elles sont l’urgence de notre temps

oublieux 

voici la joie du clavecin qui reflue vers nous

vagues d’un océan d’écume

poudrant nos pas