quand les musiciens jouent
le paysage change
la porte aux mirages s’ouvre plein vent
et c’est le rêve en personne
habillé de dièses pour la dignité
et de bémols pour la mélancolie
qui me glisse sous le front
je flotte ainsi d’emblée sur la collophane étincelle
poudre du temps
l’horizon se fait chanterelle
les cordes frissonnent les anches vibrent
les embouchures s’encavernent
et la mémoire me bat
les décennies s’avouent comme elles furent
la symphonie(passé rejoué)
s’épanche vers l’avant
et dit sa fin dès le début
ouvrant les vannes de la larme joyeuse
tandis qu’elle danse verte et grave
tympanisant le cerveau
d’un philtre quintessencié
où le temps bref
s’étire au long d’immenses champs d’un bonheur inépuisable
qui donne à mon corps
une ferme illusion d’éternité