la gondole

longs méandres de la rivière passée
années lourdes
qui brûlèrent les illusions d’alors
(ça vêt l’imaginaire)
cultivant les idées de carton
j’ai avalé l’alcool sec des concepts
puis recrachant depuis la prison des mots ce monde trop humain
j’ai ouvert la bonde de ces filandreux affects
et réinstallé le monde à sa place
papillons saisons fleurs étoiles îles confins
sur la rive le pas s’est enfin affermi
c’est heureux
il était temps

la sombre gondole glisse vers moi
quand viendra le creux de l’hiver
le chanteur qui la gouverne va demander des comptes
je dirai m’excusant d’un sourire
que je ne l’attendais pas que je vivais vivais vivais

et léger comme le cabri
je sauterai dans la gondole
au risque de la faire chavirer sur les flots de la nuit