mi ré mi si ré do la
dégringolant les marches
doublement barrées de grilles
le perron gardait endormies des roses chantantes
et ma jeunesse au lieu de forcer la porte
rêvait devant la villa assis à même le sol
je souriais de ce piano que j’enviais tant
je me voyais franchir les grilles
et effaré
admirer de près les mains
qui semblaient obéir à leur nature
mains de reine
fastueusement exercées à la facilité virtuose
elle fut de profil
tous les jours d’août
je me souviens de la ville déserte
dans cet oasis pianoté
et de la porte-fenêtre
où se miraient les reflets de son visage adoré
vers le soir
quand le soleil daignait s’abaisser
elle se levait
fermait de ses mains vides la porte-fenêtre
et j’allais mon chemin
ainsi la vie ainsi le rêve