fenêtres
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fenêtre
au delà de ma fenêtre aux rideaux rouges
il y a le monde
empoisonné d’avril
j’aime avec tes joues toucher le lila sombre
mais les chemins qui vont au bois
le mal les rend affreusement barrés
notre futur fuit par tous les jours tassés
tes yeux m’échappent ma vie aussi
je respire mal serrant le tissu écarlate
je m’absente des jardins des toits des rires
guettant les signes purs de la belle saison
ma peur s’effiloche lentement
j’entends la brise frissonner au peuplier
ce sont les vagues de toujours
qui calment le feu du temps
une autre vie s’en vient
elle s’avance sur des pas d’oiseaux
qui sautent sans bruit sur les branches
là où les jeunes troënes s’interpénètrent
éclairant l’intérieur des brindilles anciennes
ça pépie comme un cri le monde s’anime
les envols s’éparpillent insoucieux
de nos misères provisoires
je me tends pour les appeler
il me vient que je pourrais chanter
tout pousse à la chansonnette murmure
par devers soi enrichie du léger
de l’éther encombré
et des siestes jolies où l’on rêva
d’un monde meilleur un peu
à l’instant où je ressaisis le rouge
le battant de la fenêtre
bascule miroir
un visage me surprend suspendu
il sourit