cathédrale IV
habitués de nos pays aux cieux crèmes
les croisés virent là-bas tout autre chose
une lumière écrasante mille nuances
à cause du désert des éblouissements
qu’ils prirent pour une révélation
le dieu ne pouvait être que lumière
ainsi les vitraux ces micas du levant
mirages fabuleux
après mille et un jours au bord de la bleue
ces expérimentés imposèrent les chatoiements
et ce sont eux qu’on lit au pavement
quand l’aube consent à naître hors nuages
miracle des vitraux purs doublement orientés
par l’est et le souvenir du tombeau de dieu
et c’est Jérusalem qui éclate sur la pierre calcaire
bonjour dieu autrement dit la nature
et notre présence parmi les fleurs
en plein printemps amie donne-moi la main
la peine de vivre au poison de la saison
mars avril mai ensoleillés et pourtant tout couverts
du deuil de la respiration
sommes-nous trop nombreux
oh la vie la vie la vie
quand pourrai-je librement cueillir
bleuet muguet coquelicot
une vilaine occupation virale attristant nos pas
les vitraux pénétrés de nos rêves
donnent à notre présence une autre grandeur
ma mie ma main ma peur murmurée
se soigne aux accents des diaprures
projetées au fond de cathédrale
là où personne ne va plus
chevet qui attend un signe depuis deux mille ans
et que les poètes se transmettent de génération en génération