intermède
il fut un printemps
où après la menace du feu d’enfance
je me sentis étrangement immortel
le ciel avait viré sauvage
pur de ses présences humides
il vacillait vers les jours
que l’on veut croire infinis
c’était juin et la lumière faste
quand le chant vient aux lèvres à la demande
mes dents faisaient éclater un fruit
- brave pomme de l’automne lointain –
des racines aux cimes
les arbres avaient les mêmes promesses
je crus un moment que les oiseaux
m’écoutaient
et nouvel Orphée j’empruntai
aux rengaines à la mode
une jolie mélancolie fluide
qui m’emplit de frissons fous
au long du chemin qui suivait la rivière
j’appris à calquer mon pas
sur les remous du courant
qui mourait à mes pieds
je me souviens avoir pensé
que j’avais tout
j’étais l’eau le feu l’air et le temps
ébloui
je me penchai sur l’eau
un visage trouble surgit
une femme cria derrière moi
tu vas pas te jeter à l’eau
ému j’avançai d’un pas
et j’en fus quitte pour un bain de pieds
terriblement réfrigérant