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bras
chaque seconde de ce temps s’écoule à l’ombre
des ailes d’un vaste oiseau de nuit
qui leste nos épaules d’un poids de deuil
certains en grimacent à jamais
beaucoup l’éprouvent dans leur cage thoracique
fiévreuse soudain rigide
le corps refuse son office
et l’angoisse zélée
se rue vers la gorge et le ventre
Mélusine habile à saisir le vif
la peur coince les nerfs puis les pas
les malades garrottés s’offrent
en moulins solitaires aux moindres brises
les bras s’appellent depuis les oreillers
au temps de la bonace
ils enlaçaient les arbres
caressaient les corps pour dire le désir
rameutaient les amis aux joues rouges
et faisaient valser les fiancés du samedi soir
mais les bras ne sont plus que ballants
et tournant le dos à l’impossible vie de rien
virus oblige
je me bricole des préoccupations graves
que je balaie d’un revers de main
restent les coups de téléphone qui sont autant de coups
frappés à la porte de solitude
mon domaine est envahi de voix aimées
qui voudraient tant franchir cet espace absurde
occupé ce jour encore par la bête à l’affût
qui rôde alentour
prête à me faire basculer dans l’abîme
d’un simple coup de patte