collines
j’aime l’élégance des collines proches
quiètes et roides un peu
elles me protègent de loin là-bas
je les devine visitées de lilas suspendus
taches fidèles que la saison arrose
et ma peur et mes pas procèdent en pensée
bousculant l’interdit qui barre les chemins
leurs pentes viennent se glisser dans mes rêves
les belles pourtant m’ignorent quand je les hèle
je ruse
et déroulant la plaine
je les fais doucement revenir au creux du lit
où je me protège tant bien que mal contre la bête
rien à faire
elles refusent ma prière
loin de me réchauffer
leur glauque nocturne s’accoquine aux étangs
c’est un chant de deuil qui les berce
elles couvent un malheur
leur menace m’est leçon
je me souviens qu’elles furent Chemin des Dames
un jour de printemps ignominieux
où la boue collait au sang neuf
des jeunes gens surarmés
l’acier y a tout fondu rouillé glacé
les collines demeurent exsangues
et j’ai beau les solliciter contre l’épidémie
elles disent qu’elles ont trop donné déjà
qu’elles ne peuvent rien pour moi
que les printemps parfois dans leur exubérance
sont assassins comme sont souvent les hommes