solstice
le jardin est immobile
et quand l’aube perce
elle arrose troènes et rosiers royaux
comme un appel rayonnant
à la folle gravité de l’ombre noyée
je m’affole de pareille chance
je vois bien qu’il faut saisir la lumière
le coeur me manque
c’est trop de beauté
les parfums fabuleux de tous les temps
se confondent dans l’écrasant matin
les morts à regret font retour
à travers la blancheur ironique
ils maugréent des chants
où l’on parle des nuits ouvertes
à tous les vents du rêve
je me tourne sur l’oreiller
je me bouche les tympans
j’en appelle au banal
à la suite des jours défaite du solstice
car ce soleil qui ne cesse de demeurer
est un piment cruel à goûter
mon palais flamberait
si j’étais embarqué dans ce jour infini
je ferme les rideaux
laissez-moi ma nuit bien rêvée
dis-je à l’intruse lumière en souriant
j’aime dialoguer avec les disparus
les nombreux absents qui m’enchantent
et qui demeurent longuement
dans mon crâne têtu