musique d’antan
la comédie légère où l’on échange
l’argent compté les bonjours les bonsoirs
les paumes qu’on serre
la fluide musique des lèvres
qui pousse les jours aux quatre vents
les semaines les mois
cette poussière glissant par les doigts
le silence qui suit
où hébété on se découvre au miroir
noirci sous les harnais du commun
on a vécu pourtant là aussi
il semble que cette allure soit même essentielle
glissement dérive emballement banal
et les passions qui mordent au fictif
et les coeurs qui écoutent les voix
il faudrait songé-je des poèmes qui engagent le corps
te souviens-tu des glas d’après-guerre
ils vibraient autrement
la terre réengagée au rythme des saisons
cognait à chaque pas contre la craie
c’était avant le confort
les doigts crevassés empruntaient à l’hiver
le rouge brûlé des neiges
le dégel empoissait les semelles
et c’était ça l’événement
la peur se mesurait à l’acide des nuits
j’allais alors par le chaos
heureux des aventures
par la ville en ruine
puis un après-midi de juin
je découvris la musique instrumentale
- souffler c’est jouer –
manière de raffinement neuf
dont les notes m’enchantèrent vite le corps
j’étais libre