annoncées par les cloches d’avril
les petites blanches de mai au parfum doux
alimentent ma soif
même si en cette saison grave
toute fragrance est catastrophe
hormis justement celle du muguet
après Pâques les mois s’effacent
lumières crues aux aubes forcément neuves
l’avancée se fait dévoration
par le sourire
futur des aubépines à nos pieds
notre joie est enfin nature
pétales et pépiements s’élèvent sous les pas
il suffit de prendre
la main la fleur le fruit bientôt le baiser
tout est disposé sur l’étal du temps
les harengères baissent les cordes d’un ton
le marchand indulgent ouvre ses réserves
l’océan lui-même dispense ses crustacés
le glacé des eaux s’échangeant au feu du ciel
on s’en vient croquer tranquille les crabes fins
les orteils voient leurs traces s’effacer
très mollement au sable de juillet
j’aimerais tant que la trace d’été demeure
c’est là où je souris au plus juste
sur les miroirs des aubes
et je suis si reconnaissant d’être éternel
au moins quelques jours
bleu doux vibrant de l’intérieur
dilettante avisé
des mots noirs et des rouges passions