Brusqueries

la brise porte en son souffle tout un monde

de branches frémissantes

qui aspirent hors sol

le juin limpide

on entend les étoiles du jasmin qui se frôlent

au cru des tiges

une enfant siffle au coin de la rue

l’histoire d’une amour mélancolique

et d’un qui n’en peut mais de vivre

puis le solstice des angoisses

se dissout bientôt au noir des frondaisons 

le vent léger expire une joie de rêve

ça y est ça y est

il se passe quelque chose

la brise redouble son fouet

les nuées d’ouest affluent

la pluie s’effondre

le jardin à peine sec

réinterroge ses racines

tout est bien tout est beau

miracle

les miroirs d’azur soudain écartent les blancs frissons

les troènes frottent leurs tiges au soleil 

un poivre amer et pur

monte en poussières mouillées

longtemps l’aventure d’être sera cet unique parfum 

paradis des pavillons de chez nous

calés contre de gris et bleus bosquets engazonnés

4 réflexions sur « Brusqueries »

  1. Oui, un sacré coup de vent, accompagné pour certains de pluies diluviennes et de grêle.
    Chez vous, “la pluie s’effondre” et “le jardin à peine sec réinterroge ses racines
    tout est bien tout est beau”.
    Tant mieux !
    Merci pour ce partage, “les étoiles du jasmin qui se frôlent au cru des tiges” et “l’enfant qui siffle au coin de la rue”.
    Belle vacance pour accueillir cet amour mélancolique…

  2. Ce qui m’étonne toujours c’est que votre prose apparaît toujours versifiée comme si elle devait répondre à un rythme intérieur secret.
    Vous retrouvez une prose ordinaire dans la conversation ( échange de commentaires).
    A croire que lorsque vous créez, tout commence par un rythme entraînant les mots et votre pensée.
    Cette création poétique est très particulière, ne ressemble en rien à vos autres travaux d’écriture. Encore que dans votre dernier Brassens vous cernez avec précision les rythmes et choix musicaux et lexicaux de Brassens.
    Il y a chez vous un musicien dont les notes sont les sons des mots. Une portée infinie, un clavier invisible.
    Et puis votre passion des oiseaux, la façon dont vous décryptez leurs chants.
    Entre musique et écriture votre retour en amitié à tout ce qui a pris racine dans votre jardin.
    Le mien est dans le temps. J’y sème des mots palimpsestes. C’est pour cela que j’aime les explorations de Soleil vert. Son domaine m’est familier, une étrangeté d’apparence. Il suffit de traverser le réel..

  3. “les troènes frottent leurs tiges au soleil
    un poivre amer et pur”

    Très fine perception de l’odeur particulière que le soleil arrache à ce feuillage.

    1. Et bientôt, l’été aidant, des fleurs blanches parfumées s’ouvriront et attireront les abeilles. La haie bourdonnera. Le miel remplacera l’odeur du poivre amer.

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