Avril ou l’enfant qu’on fut. 

C’est le printemps, le lever du jour, les commencements. Nous avons reçu des sons à foison, nous n’entendions rien à cette musique verbale. Puis, peu à peu, le brouillard s’est levé;  nous est restée  cette bienheureuse nostalgie où nous avions l’amour et les sons dans le même temps; trier, ce fut tout l’effort de l’enfance : renoncer au toucher, comprendre, passer par les paroles, toutes choses complexes, ardues, parfois féroces (on entrait en solitude).   

On associe l’amour et l’enfance et l’on voit bien que c’est une convention; le vert paradis n’est souvent pas si rose. L’enfance est ainsi cet apprentissage, ce tissage de sonorités vertes comme l’avril, toujours interrogées, toujours démêlées, toujours recommencées. L’en-fant est un négatif; c’est celui qui n’est pas doté de parole.

L’avril est le temps des effluves, des floraisons, d’une tiédeur nouvelle. Reste au long de l’année une manière de petit froid, comme l’ombre des paroles incomprises au creux de la première enfance. On sent qu’il faut chanter et rechanter, puisque petit d’homme nous n’avions que les sons, cet obscur lumineusement attirant. Les voix flottaient, aimantes peut-être, mais peu claires : on les retrouve à l’aube, figurées par la brume de printemps qui prépare la montée du soleil.

Je n’ai pas encore dit le fond du propos. 

Le mot qui s’impose dans cette confusion douce, dans cette ombre précédant la lumière, c’est le mot de poésie. Le poème est la trace rêvée de cette enfance où le langage nous échappa longtemps. Tout poème est un baume qui apaise les blessures d’incompréhension que nous avons subies. Cette impuissance qui nous frappa, la voilà révélée, traduite enfin ; le poème est un secret qu’on lève, un pouvoir qui nous est octroyé, où la musique et les mots se caressent en prenant mille précautions que l’on appelle des vers. Le blanc qui est à droite permet au lecteur d’y déposer sa propre enfance. 

Le poète reste ce modeste d’importance. 

soleils

le long éclat du soleil finissant

est un jumeau d’octobre

enfant du globe

alerte mélancolique 

de nos vies 

de nos petites vies 

glissées ainsi dans la suite des êtres

oh mes amis j’ai été vous 

comme vous 

deux bras deux jambes

souriant 

je suis tellement heureux d’avoir été là 

dansant écrivant écrivant écrivant

rarement la peur de vivre au contraire 

l’audace joyeuse des flots d’océan à écrire

et les chants terribles  sur la joie des secondes 

j’ai vos allures en moi tous 

j’ai vos parages heureux de juillet 

et les bonjours souvenez vous que l’on s’échangeait

aux bancs aux avenues

les hasards 

toujours au hasard 

les dés la chance 

on se croisait peu 

le tricot du quotidien 

avait des allures foutraques

on ne savait jamais 

en fait je sais 

on savait 

je me demande si les soleils auront toujours 

cette aura  que je leur prête 

il me semble en plein printemps 

que cette affaire décline 

je vous serre la main 

et l’on verra demain 

j’eusse aimé aimer encore davantage 

les halliers forêts et bosquets croisés là 

et les visages au creux des paumes

triangles adorables

l’attente d’avril

les arbres en frissonnent toujours

ce retour de novembre en avril

la pluie morne coléreuse  

affole le revers de mon col

la glace me glisse au dos

là où l’épine dorsale frémit

et le vent enragé me fouette aux  joues

l’évidence du pas bienheureux

que j’attendais sûr de la saison

et ouvert à la brise à la voix claire

se fait souffle de mort

brise présage de mes pas en misère

c’est affaire de patience

l’attente murmure une voix

consolante insistante

(c’est la déesse à Ulysse)

attends encore dit-elle

le voyage des jours ne fourvoie

que ceux qui protestent 

aime ces moments qui ménagent

des horizons intérieurs où dort

tranquille la joie d’être en vie

et seulement cette pensée

qu’on oublie à chaque aube

et qui revient sur l’oreiller

comme un refrain chaque soir

le malfaisant

les sons doux de sa flûte 

lui valurent d’emblée quelques pierres 

puis l’approche des jeunes femmes et des oiseaux aidant 

la douceur se posa sur la ville 

traîne bleue trop belle 

qui endormit l’énergie des commerces

l’artiste s’installa en toute étrangeté 

à la saison des jonquilles 

sous les porches de la cité 

les enfants dansèrent alors sans le souci 

ni de l’école ni des barytons paternels

il y eut certes des édiles sérieux 

insensibles aux airs et aux envols des oiseaux 

qui rêvèrent de son départ

mais sa musique 

pluie d’élégance magie de sa tendresse 

toucha la cité entière 

un chuchotis s’installa par la province 

c’était une drogue disait-on 

qui voilait les télés 

éteignait les vidéos 

et donnait une envie de vivre 

inaccoutumée

le printemps allumant les halliers

douceur de la flûte en prime

sourires et politesses furent de saison 

l’afflux des habitants 

attirés par la tendresse des sons 

fit la joie des citadins 

les rues grouillaient d’élégants

il convenait d’être beau 

tant la musique était douce

les robes chamarrées

valsaient dans les venelles 

la cité gothique en fut éberluée 

biches et ragondins pleurèrent 

le matin où la police l’arrêta

on décida de l’envoyer 

à l’île du diable où l’artiste 

n’aurait plus rien ni personne à séduire

et la violence revint à l’ordre du jour 

on ralluma les télés en soupirant 

des années plus ta rd

il y eut une éclipse de soleil 

afin que tout le monde sache 

que le malfaisant avait 

doucement passé la flûte à gauche

carnet perdu

j’y avais noté le voyage à Paris 

la butte rose et l’ascension douce 

puis terrible au souffle

quantité de détails visages tissus 

et j’ai tout perdu 

alors soulevant en panique la poussière 

du bureau ensoleillé 

ma mémoire s’est embrouillée

il m’est resté  

l’océan des pas

les nombreuses marches 

touches de clavecin allegro

paroles poèmes murmurés

quelques rires intérieurs

sont revenus 

puis la pluie

et le silence comme si l’eau du ciel 

lavait la déveine 

d’avoir perdu mes notes

instrument désaccordé

je tapote machinal sur mon coeur

petites touches sèches

et voilà le carnet qui revient

poche intérieure 

il est là

mignonnement camouflé

dans les replis du tissu

ce jour n’a pas été vécu en vain 

les traces sont là sous mes doigts

pourtant 

ne rêvant plus

j’ouvre le carnet

pas un mot pas un mot

me regardant au miroir 

je souris de cette liberté qui s’ouvre

je vais enfin pouvoir écrire 

mémoire

ce vertige des printemps

te souvient-il des essaims de primevères

et de ton bras qui s’enroule aux épaules

il y avait des appels aux vallons en reverdie

des battements accélérés aux poignets

et la peur de déplaire au si fin des sourires

lèvres furtives puis pressées bien en face

le parfum des violettes montant des rosées

la respiration me faut d’y songer

pourquoi les rires ont-ils décru

souviens-toi j’avais toujours un biscuit

brisé sous papier transparent

tu tournais tes yeux verts

lèvres en avant silence

on écoutait le dialogue du vent et des coqs

nos peurs d’aimer évanouies nous attendions

debout que l’un de nous se pose

au pied du pommier allégé de ses fleurs

les herbes ont repoussé

les traces de nos corps ont coulé dans les octobres

j’ai encore semble-t-il l’impression de tes bagues

sur mes phalanges crispées

au loin des tronçonneuses enragent encore contre des arbres stoïques

on dirait que le temps des caresses a passé

mais ces oiseaux d’avril enfuis dans le ciel gris

t’en souvient-il

magie

lorsqu’au bois j’avance dans l’avril

l’adolescent me revient entre les arbres

mille peines et pleine respiration

mes poumons scandent les pas

mes lèvres imitent les nouveaux oiseaux

et les amours difficiles et les aveux jamais lâchés

je me dis dans l’ombre neuve du bois joli

que ça palpite à jamais

mon pas sur les feuilles ridées de l’an passé

rythment le bel inexorable

la musique fait craquer les bémols du souvenir

et le présent et le présent

aspire comme ça vient

la joie est là entre nostalgie et futur

elle est à toi cette saison

une voix grave s’impose avec sourire

et chasse aux papillons

la mienne la tienne si charitable

ah que revienne toujours ce printemps d’éternelles joyeusetés

peut-être pourrai-je éterniser aussi

cet instant qui se libère 

en enchaînant les voix qui voguent

nous allons nous aimer sur ce temps

parce qu’il le faut

ce n’est pas si tragique

c’est pour le plaisir d’être

en ce moment magique

de longs frémissements

visages

tous ces petits visages

qui se penchent la nuit sur mon visage

n’allons pas croire qu’ils imitent la lune

ils ont toujours été là 

fées autour du berceau 

voix autour du tombeau

ces visages ont la rosée d’avril pour teint

les pleurs de mai pour seul matin 

ils sourient ne savent rien faire d’autre

cachés sous ma mémoire

ils chuchotent des beautés bémolisées

pour relayer la fuite du temps 

pour enchanter l’instant présent

ces petits visages

angelots en pleurs souvent 

viennent de loin 

ancêtres jamais disparus 

ils aiment ils aiment ils aiment 

roses de façade (joues bercées)

jonquilles qu’on enfonce pour soi 

(coiffures folles)

leur présence est je le jure immortelle 

courriers d’autrefois 

ils se dépêchent en foules parfois 

pour alimenter les corps heureux

le mien par exemple

et les chants surtout les chants

ceux qui comme pluies d’été

crèvent sur les jardins flétris

par le soleil qui abuse

de se croire seule joie autorisée

alors que la vie

mon dieu

galets

fragile roulis

des inusables galets

j’envie à l’intérieur de vous 

le roc dissimulé

la pierre qui roule dans la mousse du temps 

le ru vous bouscule 

sans même vous griffer

juste l’usure 

je veux chanter la bonne mine de vos joues 

le blême ivoire des arrondis parfaits 

autant de visages rieurs

qui clignent au ruisseau en se cognant 

la joie de dévaler en croulant

gravier de vos vies avancées

vous pourriez faire un effort amis 

pour une once d’éternité

que vous glisseriez sous ma peau 

os surnuméraires

histoire de perdurer

jusqu’à l’intérieur du rire où je me protège encore

jusqu’au fond de ma poche 

je me vois bien dans la cascade des jours

arborant à mes joues votre fluide rigueur 

vous êtes beaux 

et quand dans l’allée je vous écrase

je me sens plus fragile que vos cris 

alors dans la nuit je vous écoute

si vous saviez 

au bord du sommeil vos côtoiements 

chuchotent mille espérances 

oui chaque caillou a sa note

votre petite musique de nuit me déroule ses gammes

mais je vous prie de garder souvenir de mes pas

car mes mélodies aussi dorment là 

jusqu’au bout de la nuit 

Sibylle 2

dans sa bure romaine

aux plis que la gravitation appelle

elle évoque le futur

je voudrais la toucher

mais on ne peut pas 

Sibylle si belle si loin

il faudrait l’échelle de sagesse

et je suis si petit dans l’histoire

la grâce échappera toujours

sa présence contre la façade est défi

elle dit

avec cette crudité qui prophétise et presque menace

mon ami 

la grâce ne se touche jamais de la main 

chaque nuit sans lune elle chante

sa partition main gauche

quand la cité dort que les bruits s’effacent 

les paroles murmurent l’églogue de Virgile

sur le printemps le monde à venir

l’amour pur au jardin revenu

je lui chuchote bis comme au concert

mais personne n’applaudit dans la nuit de Picardie

cette figuration lointaine

qui s’avance dans la nuit étoilée

on ignore ce qu’il faudra attendre encore

pour ranimer le feu promis

il y a près de deux mille ans

par le poète latin

Les Temps sont révolus qu’a prédits la Sibylle :
Les siècles, dans leur course immuable et tranquille,
A leur point de départ sont enfin revenus,
Et le dernier de tous, l’Age de fer, n’est plus.
Déjà revient Saturne, et la Vierge immortelle
Abandonnant les cieux reparaît parmi nous ;
Et les dieux, des humains cessant d’être jaloux,
Envoient sur notre Terre une race nouvelle.
Un Enfant doit bientôt au jour ouvrir les yeux ;
Souris, chaste Lucine, à sa venue au monde :
L’Age d’or va renaître et sur terre et sur l’onde ;
Déjà règne Apollon, ton frère glorieux.
VIRGILELes Bucoliques Eglogue IV
Au Moyen-âge les gens étaient persuadés que Virgile annonçait dans cette Bucolique la naissance du Christ. Le trouble vient de ce que ce poème a été écrit au moment de la date supposée de la naissance de Jésus.Les Sibylles étaient par ailleurs des divinités affectées dans le monde latin à la divination (mancie). Celle de Laon imite le style romain, il se fait alors un lien émouvant entre l’antiquité et l’an 1200, ce qui relie cette statue du porche nord de la cathédrale à notre monde contemporain. Sa présence parfaite émeut profondément. “Le chant de la Sibylle” est par ailleurs l’une des premières partitions de l’histoire de la musique dite classique, sinon la première…

Sibylle

(Il est à Laon au porche nord de la cathédrale une sibylle dont il convenait de chanter la présence) 

la tendre sibylle chuchote là devant

ses propos 

rameau d’or dans une  main

livre de chant dans l’autre

sont tenus sous le joug du murmure

elle parle en se taisant dit la légende

je crois que ce qu’elle dit est une viole

si douce qu’on a beau lui prêter l’oreille 

elle n’enchante que ceux qui ont le tympan créateur

rêveurs du vent amoureux de l’amour

ceux qui vivent fort mais rient en secret

la sibylle fait trembler le monde

pas le bruyant du commun

non 

celui qui roule sous le drap

sous chaque drap sous chaque toit

elle crie gémit souffle

lâche son rameau et son chant aux cordes tendues

puis s’enfuit dès que les bras renoncent

laissant à l’ouïe du musicien 

des manières de sarabandes graves

la sibylle a cette sublime voix de mezzo

les aigus se perdent puis reviennent

et la belle aux yeux pers

se rassure en songeant qu’on va vers l’été

quand la saison gémit aux charmilles

il y aura encore encore d’autres draps 

d’autres pas tout aussi doux

et la voix de joie montera encore 

c’est le mystère de la sibylle

on ne peut quand même pas

tout prévoir

passage (février mars 2024)

au bout du tunnel hiver

ce long temps

aux cahots imprévus

flaques boue et soleil rougeaud

 je vais entrer en forêt

 adossé à ce passé 

l’éclat du jour m’éblouira

j’irai par les sentiers de givre mince

j’aurai le souffle aux lèvres 

  j’attendrai ce moment où

les oiseaux facilement admiratifs 

louangeux et forcément joyeux 

nids de notes essaims d’aigus

recouvriront le gel de leurs étincelles

mais on n’y est pas encore

la nuit va d’abord se faire diminuendo

après le fracas des bois perclus d’hiver

qui s’agitèrent au vent funèbre

alors la vie va revenir

février est ce passage 

la fièvre terrestre remonte doucement 

on l’entend aux brindilles collectées des becs 

enfin naît la tiédeur fragile

le ciel en pâlit un peu 

il est des bleus mêlés de plumes

qui viennent à hauteur des oiseaux

et s’ouvrent distraits dans l’azur

qu’on croyait disparu 

je comprends pourquoi les merles 

n’ont cessé de trouer le silence des jours

pourquoi les corbeaux partaient vers le levant 

quand le soir venait 

ce sont eux qui épuisèrent les aubes anciennes

le noir leur va si bien

leur désolation finit un jour par fatiguer la nuit

sous leurs pattes

il faut faire confiance

à la rotation de la terre

à son axe généreux qui nous bascule

 contre la vague première et douce

nous ramenant ainsi vers l’équinoxe de mars

en pleine lumière

sentier

crissant le sable approuve l’empreinte 

puis un bleu ciel glisse entre deux bouleaux 

qui oriente mon pas ce négatif au plein du chemin 

ça bifurque main droite 

l’appel du geai crie ses fausses notes

un danger s’affirme avec ma présence 

je rêve de m’absenter

pour ne pas gêner  

des brindilles sifflent sur mon passage 

confirmant le rappel de l’oiseau

dont la tache azurée me revient

alors que je ne l’ai pas vue

le beau redoute le danger

une bruine se mêle aux pas 

le chemin se fait ancien ruisseau 

qui polit ses grès dans la bruyère 

mon avance me perd 

bonheur de l’inconnu

futur qui m’échappe

nul ne sait ce qu’il en est 

des pas des instants

un très vieil air me revient 

qui parle de perte et de pluie

de sourires et de joie

une main là-bas très loin

me signifie

que le sentier ne mène nulle part

qu’il vaut la peine pourtant 

de l’emprunter

VA

fleur vaguement brune 

je cueille le corps de l’oiseau 

il tiédit ma paume 

j’ouvre encore mes doigts 

son coeur bat une chamade folle

risquant tous les rythmes

il n’ose pourtant pas l’envol

pris dans l’antique terreur des proies 

ses plumes se serrent 

il sait les griffes qui le guettaient en silence 

ma main brise la loi de la nature

me voilà sauveur 

je siffle sur ses plumes 

une musique minuscule 

ivresse des matins légers 

où il fait bon s’envoler 

va

n’aie pas peur chanté-je

il n’y a pas que les chats tigrés

il est aussi tu vois des paumes refuges

qui protègent les passereaux perdus 

j’ai tant besoin de vos visites

j’envie je l’avoue l’élégance de vos envols

et tes affolements précipités me sont si proches 

ami va colporter cette paix des phalanges

qui furent un moment ta maison

porte leur là-haut le message

d’un monde d’en bas

où la chair palpite

et réchauffe  

et sauve un peu parfois

à ras de terre

baume rouge

quand l’an neuf pénètre

dans le tunnel glacé des hivers de chez nous 

je me souviens de la peur au corps d’enfant 

et du retour des rhumes 

frissons mouchoirs j’éternuais contre le vent 

mon visage éclatait aux chemins forestiers

aux avenues éclaboussantes

infamie des voitures obscures

j’allais à l’abri truqué de l’église frisquette

qui devait protéger le chrétien

mais en vain

la nef glaçait jusqu’aux semelles 

et pourtant 

j’ai toujours admiré

la déchirure de l’aurore

qui s’en venait soigner les ciels pathétiques

baume rouge pour matins désolés 

la peur d’un coup changeait de camp

je renaudais furieux contre notre espèce

donnais des coups de pied 

contre les gouttières qui crachaient aux trottoirs

jurant comme jamais qu’on ne me reprendrait plus 

à la fatalité subie

et c’est ce qui s’est réalisé

quand rabattant l’écharpe sur mon cou

je serre les poings dans les poches du manteau

libre du froid 

je souris de cette peur qui me figeait au sang

et se dissout au regard de toute beauté