voyage 5 et 6

voyage 5

le béton les accable

 le choix forcé des rues est brutal

tout leur est misère jusqu’aux ritournelles des oiseaux

 la présence farouche des tourterelles sur parkings 

les émeut au centuple 

leur maigre liberté frémit aux échanges vifs

 qu’ils ont avec les bouchers les boulangers

ou les opérateurs d’usines qui vont maugréant au travail 

ils s’essaient à les côtoyer en riant dans la bière 

travaillent à leurs côtés mordent au pain commun 

vie de chien

ils échangent un matin leurs rêves diffus 

par un soir gris un ivrogne menace Magdala

son ami le vagabond retourne le couteau contre le pochard

Voyage 6

le mort les contraint de fuir encore

les prés leur vont mieux

ils refont le chemin où les chaumes crépitent 

une série de couchants les inonde 

les bleus et les verts virent au gris 

ils s’essuient les yeux mutuellement 

elle chante

elle chante si bien que les villages l’écoutent 

ta voix lui dit-il est notre pain

elle l’embrasse enfin

 tous les baisers retenus éclatent en étoiles

 toutes les notes étranglées explosent sous le ciel 

cette joie qu’on partage au coin du bois 

à l’ombre des porches anciens ils s’aiment enfin