les rosiers frisquets de l’aube
embués immobiles
chantent à bas bruit
l’arc du jour et ses lents déploiements
les boutons cousus dans la nuit
amorcent l’éclosion
ce florilège savant des roses
qui vont maquiller les lèvres des maisons
au pied des seuils avenants
elles passent la matinée
à se coiffer les pétales sous la brise
et lorsque sonne le vif de midi
les bonjours des tiges frémissent une dernière fois
la rosée aspirée par la lumière n’est plus
l’ombre donne alors le la du repli
forçant les belles à s’ouvrir encore
puis la brise de l’après-midi
se joue des coupoles de couleur
la vigueur ne sert plus
qu’à déflorer plus vite
tapis de grâces frêles
un velours rouge recouvre les plates bandes
des volets claquent quelque part
je crois qu’au crépuscule les rosiers saignent
il est tard
on frôle minuit
demain tôt le jour refleurira
ainsi vivent les rosiers
aux alentours du solstice