(il m’est arrivé d’arracher au chat un moineau dont il s’était brutalement emparé)
fleur vaguement brune
je tiens fermement le corps de l’oiseau
il tiédit ma paume
j’ouvre mes doigts
son coeur bat une chamade folle
risquant tous les rythmes
il n’ose pourtant pas l’envol
pris dans l’antique terreur des proies
ses plumes se serrent
il sait les griffes qui le guettaient en silence
ma main brise la loi de la nature
me voilà sauveur
je siffle sur ses plumes
une musique minuscule
ivresse des matins légers
où il fait bon voler
va
n’aie pas peur chanté-je
il n’y a pas que les chats tigrés
il est aussi tu vois des paumes refuges
qui protègent les passereaux perdus
j’ai tant besoin de vos visites
j’envie je l’avoue l’élégance de vos envols
et tes affolements précipités me sont si proches
ami va colporter cette paix des phalanges
qui furent un moment ta maison
porte leur là-haut le message
d’un monde d’en bas
où la chair palpite
et réchauffe
et sauve un peu parfois
à ras de terre
il fuit
(J’emprunte la conclusion de ce texte à un poème de Marguerite Clerbout dont je fais un long commentaire au chapitre XII de mon “Traces de pas”…:
“A l’instant, l’oiseau suffit… il fuit”; ce poème qui, c’est le cas de le dire, se suffit à lui-même, est une œuvre magique dans sa brièveté éblouissante.)
Merci Raymond
J’aime bien ce poème, pour la forme et le fond, pour l’oiseau, pour l’envol…