Dans l’attente du temps net de l’été titubant, les lointains alourdis de nuées, teintes encore dures d’avril, voient la vigueur des azurs virer à l’effondrement dans la brume monocolore des demi-saisons où tout tergiverse.
À l’avant les branches se secouent dans le gris comestible de leurs arbres frappés de mille métamorphoses crues et c’est souvent une manière d’explosion neigeuse empruntée aux fontes des montagnes et remontant par la sève jusqu’aux moindres ramilles, flocons en fleurs.
Plus avant encore, alentour, les maisons s’habillent de blanc, fenêtres et portes se maquillent pour séduire le promeneur averti dont les pas résonnent jusqu’au fond des chambres, frémissement régulier du gravier chaleureux contant le passage d’une vie.
Je m’étends à mi-pente du champ ahuri de croissance et mon corps se laisse recouvrir du feu frais des jeunes pousses, bain de jouvence dans l’eau bleue de la rosée, vin de vigueur qu’on boit par la peau et dont les senteurs sucrées rappellent ces baisers qu’on dépose avec ferveur sur les cous des bébés.
Ce faisant je surprends un craquement de digue, rupture des os de nos années, blocage éruptif des muscles que je croyais décidément plus souples et me voilà grippé de partout mesurant mes crampes en alarmes rouillées et c’est tout d’humilité que je me redresse sur les coudes, songeant, le regard perdu vers les lointains brumeux, combien est judicieux le décompte de l’âge en printemps.