amis
il faut recreuser le silence
taisons-nous
si nous cessons de parler
quelque chose va advenir
comme un printemps
un visage étonné de se voir
une poignée de cinq doigts chauds
peut-être entendra-t-on la loi du passage
le tragique de nos avancées
alliées à une tendresse totale
sorte d’épousailles qui ne cessent plus
fusion d’aérolithes éclatés
qui découvrent une nouvelle manière de graviter
sourire à chaque pas
les lèvres au lieu de parler donneront et redonneront
dans un silence stupéfiant
monumental moment qui durera
pour s’éjouir de la joie engendrée
alors le renouveau sur la pointe des pieds
osera être ce que nos rêves sont
une illusion concrète qui se répand dans le monde
les arbres bruiront limpides
à pas menus les animaux
chuchoteront ce qu’ils disent depuis toujours
que le présent vaut son passage
que la vie est la vie sans besoin de langage
donnant raison à la mer
dans son ressassement fabuleux
qui invite au silence