et je m’en vais garder
paumes serrées
l’eau petite et comptée
quelques gouttes à peine
cueillies sur les fleurs en corolles
tu plonges dans mes mains
j’aime ta peau dis-tu
(le soleil cogne dur
fenêtre sur le vide)
l’été décidément
c’est l’attente d’un drame
or à noircir ce temps cru
nos ombres je crois vont s’effacer
je compte sur mes doigts
les années décennies
le corps fut à peine chanté
la peau est devenue friable
et la vie intouchable
je sens tes joues
contre mes phalanges mouillées
je voulais te sculpter
et c’est moi que j’évide
ces mots sont les notes risquées
qui sèmeront contre le temps
des germes d’engendrement
sorte de lutte finale
qui n’en finit jamais
(paru en juin 2019 ici même, ce poème me revient dans toute son étrangeté)
Il y a eu…
Ça monte du fonds de la mémoire comme devant traverser une obscurité, une lumière éblouissante. Elle demeure au lieu même d’où jaillit la voix. Elle ruisselle et devient parole articulée dans une langue claire.
Le poète fasciné devient son propre destin, en attente dans ce pays familier entre solitude et communauté, séparé et consumé de désir, se retournant vers celle qu’il a perdue. C’est l’infini dans le fini…
Est-ce donc cela
la “mémoire de l’eau” ?
quelques gouttes à peine
vous entrainent à l’amer
la mer
et vous reviennent en rosée
sur les joues de la bien-aimée