les roses donnèrent l’alerte
elles s’ouvrirent en une nuit
grâces et corolles
c’était le printemps
ma peine s’ouvrit avec elles
je me souviens du jardin
visité de pétales
de mon pas prudent
mesurant la chanson
sur la Picardie et les roses
chers amis chers amis
que sont vos vies devenues
je vois bien vos noms au monument
mais vos existences
vos gestes votre belle envie
de vivre
je devine ce qui vous a été volé
le café aux vantardises du samedi
où la tête vous tourne
la main qu’on frôle
aux flonflons du quatorze juillet
et le long frémissement qui suit
jusqu’à l’aube où son image trouble flotte encore
dans la tasse de café
de tout cela la mort vous aura dispensé
et au lieu du retour des hirondelles
vous n’avez eu du printemps que l’affreux avril de Nivelle
voilà ce que les roses me rappellent et les roses s’ouvrent partout
et je ne sais pourquoi partout en cet avril la rosée me gèle