promenade
je me perds dans les chemins tendus
le pas me mène
la peine aussi
les feuilles sous le vent
laissent cascader ors et larmes
les lèvres me brûlent
la peur d’avancer m’alimente les rêves
dans la clairière seul
le chagrin pousse l’errance de son filtre mineur
et soudain l’allégresse surgit aux poumons
la marche se fait plus vaste
j’entends des rires là-bas
buissons de joie cachée
l’automne se fait berceau
nourrice qui chante ses échos jusqu’au fond des bois
clarine velours et mauve de pluie
le passé à mon pas
je reviens
sous la bruine amorcée
contre ce souriant balai de l’ouest un peu vif
il me semble que je danse
dans la boue des ornières
admirant les bouleaux aux frissons
oriflammes glorieux qui saluent
le petit bonheur du grand retour
auprès de l’âtre dévorant
Vous saisissez là une des magies de la marche : nous entraîner loin de nos soucis, de nos chagrins en se laissant porter par le paysage et la joie du corps en mouvement, pieds prenant appui sur la terre, cheveux dans le vent.