Prison 1
il ne l’éprouve pas comme un retour
à la case départ
la grande terreur de respirer
ne lui presse plus les poumons
Marie l’avocate est franche malice des yeux
il s’y attarde longtemps pupilles tilleul
où le gris et le vert se mêlent quasiment
il y voit des plaines des collines et l’océan soudain
battements de ses cils vagues si curieux qu’il s’y perd
le bonheur que ce serait
il rêve d’être là-bas avec Magdala
il se voit écrivant une chanson de la plus haute tour
Marie le protège de toute sa clarté souriante
un couteau contre un ivrogne c’est un acte de piété dit-elle
Prison 2
il n’aime pas trop l’ironie goûte peu la manière
mais Marie est si limpide
si forte derrière ses allures de gamine moderne
il eût aimé une avocate plus noble
avec la carrure stupéfiante de sa belle
il l’appelle vite petite Marie exige du papier
un crayon à mine affirme qu’il faut tout faire pour Magdala
trois jours sans la voir
trois jours sans elle à reronger ses ongles
enfin son visage qui s’encadre
au matin de visite
brouhaha poussiéreux du parloir
je ne peux rien dire dit-elle parler et aimer s’excluent
je te dévore dit-il