3 1
puis nous irons par les ornières du diable
– avec les années je devine le chemin-
je sourirai pour faire bonne figure
j’irai même devant en sifflotant
au sommet de la pente nous serrerons nos mains
et d’un saut nous tomberons au ciel parmi les séraphins
Tomber au ciel … J’aime beaucoup.
Ultimes esquisses :
Roses
Le parfum des roses me rappelle
Que toute beauté se tient à distance
Aurore mirage des jours à venir
Courbe d’un sein
Dont l’apothéose se dérobe à mon regard
*
Paroles
C’était donc cela le langage des arbres
Un échange d’oiseaux
Et l’entrelacs inconscient des racines
Et le sang cette merveille sous ma peau
Qui tambourine
Viens voir le jour qui se lève
*
Départ
On aurait pu la prendre pour le jour
C’était une chanson à la fenêtre
Il y avait des feuilles et des colombes
Sans doute des mots
Un nuage qui racontait son malheur tout là haut
Je n’en saurais pas plus
Quelqu’un m’a dit de plier bagage
Sur le marchepied j’ai hésité
Le jour la nuit tout ce à quoi
Peut se résumer une vie d’homme
J’ai oublié ce que j’avais à te dire
Et je suis monté
*
Tissant patiemment
La toile des années
La Mort
A la lueur des rêves
En vain
Je me suis débattu
Quelle belle période de création. Tous ces textes sont d’une grande profondeur et écrits avec harmonie.
Soleil vert: Tout est bien… ça me plaît beaucoup: l’hésitation sur le marchepied, le langage des arbres, le parfum distance.
merci Christiane !
Comme une lutte de la conscience au bord du vide. Un grand poème où la vie est suspendue aux liens du passé. Le poète dénude sa mémoire jusqu’à la grâce d’un moment paradisiaque et s’impose la loi de l’absence. On ne possède jamais ce qu’on aime.
Un lien spectral, inaltérable. Une révolte immobile…
Vos deux poèmes comme un double mouvement : déchirement, séparation, exil mais aussi, toujours proche, surgissement de la vie, même précaire.
Absence et présence, tous deux emportés par le vent, tourbillon ultime… au bord du vide.
Âmes numides…